Veuillez noter que ce passage n'est pas extrait du roman. Il s'agit d'une digression sur ce qu'il aurait pu devenir si les choses avaient été différentes. Le Monde n'est qu'une Illusion et, lorsque Lui, le Créateur, le Destructeur, l'Ange aveugle, tire les fils du destin, c'est une nouvelle scène qui se joue sous ses yeux de glace. Ils ne sont que les pantins d'un immense jeu.
Et si....
"Jamais je n'aurais pensé regretter un jour ni cette ville, ni sa noirceur maladive. Sans bruit, son ombre s'est immiscée dans les âmes de chacun de ses habitants, leur arrachant tout espoir de rédemption. Newport était un enfer dont Ekkar ignorait aveuglément la perversion.
Newport.
"Seuls les fugitifs trouvent refuge ici."
Une ville maudite où errent des fantômes, des chiens, des âmes en peine, enchaînés à leur funeste sort, mais qui, pourtant, ne cesseront jamais de lever leurs yeux vers le ciel.
Fuir, encore une fois.
C'aurait du être si simple.
Renier un avenir incertain comme j'avais déjà abandonné mon passé auparavant.
Vivre au jour le jour, errer sans but, mais être vivant. Mettre fin au tourment d'avoir à nouveau une mémoire, de me souvenir de chaque souffle, de chaque couleur et des murmures de mes racines. Sentir mon cœur battre à l'unisson avec ces mélodies entêtantes qui, chaque soir, font vibrer les Tunnels.
Et tout oublier le lendemain.
Sans aucune attache.
Mais elle m'appelle, elle m'attire, me hurle de me replonger dans ces douloureux fragments d'un monde où les humains ne sont que de vulgaires marionnettes. D'un cadeau du ciel, elle a fait une malédiction car, alors que mes pas foulent ce sable millénaire, brûlant, brillant, entêtant, mon esprit, lui, ne peut se détacher de ce monde exilé, de cette âme brisée, contrainte à vivre en cage, mais pourtant courageuse et forte, m'apprenant à nouveau la confiance.
Jamais je n'aurais pensé regretter cette ville un jour, en le laissant derrière moi, agenouillé au sol, repoussant ma main en dissimulant sa mélancolie derrière un faux sourire.
Un rêve furtif, un grain de sable dans les rouages du temps.
Ienzo."